Quelques jours après son retour du Dakar 2021 – auquel il participait pour la sixième fois consécutive, le Nordiste Adrien Van Beveren a partagé son expérience de l’Arabie Saoudite lors d’une conférence de presse, au sein des locaux de son indéfectible partenaire, ASTRADEC, à Arques. Malgré un abandon à 150 kilomètres de l’arrivée, le pilote, qui a connu plusieurs déconvenues sur cette course, estime qu’il a relevé le défi humain qu’il s’était fixé.
Retrouvez, en plusieurs épisodes, ce que le Nordiste retient de son épopée.
Repères : le Dakar 2021, étapes, kilomètres et classements
1ère étape : 3/01 – 𝗝𝗲𝗱𝗱𝗮𝗵 > 𝗕𝗶𝘀𝗵𝗮, 𝟲𝟮𝟭𝗸𝗺 (14e)
2e étape : 4/01 – 𝗕𝗶𝘀𝗵𝗮 > 𝗪𝗮𝗱𝗶 𝗔𝗱–𝗗𝗮𝘄𝗮𝘀𝗶𝗿, 𝟲𝟴𝟱 𝗸𝗺 (6e)
3e étape : 5/01 – 𝗪𝗮𝗱𝗶 𝗔𝗱–𝗗𝗮𝘄𝗮𝘀𝗶𝗿 > 𝗪𝗮𝗱𝗶 𝗔𝗱–𝗗𝗮𝘄𝗮𝘀𝗶𝗿, 𝟲𝟮𝟵 𝗸𝗺 (16e)
4e étape : 6/01 – Wadi Ad-Dawasir > Riyadh, 813 km (10e)
5e étape : 7/01 – Riyadh > Al Qaisumah, 661 km (23e)
6e étape : 8/01 – 𝗔𝗹 𝗤𝗮𝗶𝘀𝘂𝗺𝗮𝗵 > 𝗛𝗮‘𝗶𝗹, 𝟲𝟴𝟴 𝗸𝗺 (6e)
7e étape : 10/01- 𝗛𝗮‘𝗶𝗹 > 𝗦𝗮𝗸𝗮𝗸𝗮, 𝟳𝟯𝟳 𝗸𝗺 (11e)
8e étape : 11/01 – 𝗦𝗮𝗸𝗮𝗸𝗮 > 𝗡𝗲𝗼𝗺, 𝟳𝟬𝟵 𝗸𝗺 (13e)
9e étape : 12/01 – 𝗡𝗲𝗼𝗺 > 𝗡𝗲𝗼𝗺, 𝟱𝟳𝟵 𝗸𝗺 (5e)
10e étape : 13/01 – 𝗡𝗲𝗼𝗺 > 𝗔𝗹’𝗨𝗹𝗮, 𝟱𝟴𝟯 𝗸𝗺 (7e)
11e étape : 14/01 – 𝗔𝗹’𝗨𝗹𝗮 > 𝗬𝗮𝗻𝗯𝘂, 𝟱𝟵𝟴 𝗸𝗺 (10e)
12e étape : 15/01 – Yanbu > 𝗝𝗲𝗱𝗱𝗮𝗵, 447 km
Bien sûr, il y a une grande part de déception, Adrien ne le cache pas. Avant son départ, nous vous avions retracé le parcours de ce pilote encore jeune (trente ans), fait de multiples victoires – trois sur l’Enduropale du Touquet – et de classements – sixième et quatrième places pour ses deux premières participations au Dakar -, mais aussi d’échecs. Et notamment en 2018 et 2020, éditions du Dakar lors desquelles le pilote avait chuté lourdement. Et le principal défi d’Adrien se trouvait sans doute là : retrouver la confiance, savoir prendre certains risques et passer une nouvelle fois la ligne d’arrivée de cette course qu’il juge tout simplement “la plus difficile au monde”.
Ce challenge, il estime l’avoir relevé. “Je ne suis pas là pour pleurnicher« , a-t-il certifié d’emblée aux journalistes venus recueillir ses impressions sur sa participation au Dakar 2021. “Je suis évidemment déçu que la moto ait cassé à 150 kilomètres de l’arrivée. Sur le moment, il y a eu des larmes, de la colère… J’ai tout fait pour que ça reparte, mais au fond de moi, je savais bien que c’était la fin.”
La pilule est d’autant plus difficile à avaler qu’Adrien, malgré une faute de navigation sur l’étape 5, entre Riyadh et Al Qaisumah (661 kilomètres), a bouclé avec succès plusieurs étapes, entrant dans le Top 10 à l’arrivée des deuxième (6e), quatrième (10e), neuvième (5e), dixième (7e) et onzième (10e) journées de course. “Sans cette casse, j’aurais pu peut-être prétendre à une septième, huitième place”, souligne le Nordiste.
Obtenir des réponses
Le pilote reconnaît avoir fait une belle course. “Si je reviens une année en arrière, je ne savais pas si je piloterais de nouveau, je ne voyais plus d’un œil et mon physique en avait pris un sérieux coup. Alors, aujourd’hui, malgré cette casse, je ne veux pas être déçu : le Dakar, c’est un sport extrême dont la pratique a fait perdre la vie à beaucoup de pilotes. Moi, je reviens entier. Il faut relativiser. Je ne m’en veux pas car je me suis investi à 100%, j’ai vraiment donné le meilleur de moi-même et je n’ai pas de regrets.”
En revanche, le pilote souhaite obtenir des réponses d’ordre technique. “Trois moteurs de pilotes roulant sous les couleurs de Yamaha ont cassé pendant la course, car une pièce – renforcée pour nos motos de course – venant se fixer sur une pièce standard, a exercé trop de force et a rompu la pièce standard”, détaille Adrien. “De peur que mon moteur ne subisse le même sort, l’équipe de mécanos a décidé de le changer. Et c’est finalement la chaîne de distribution qui a cassé. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une erreur humaine : avec une chaîne mal positionnée, je n’aurais pas fait autant de kilomètres avant que la chaîne ne casse.”
Le pilote ne veut incriminer personne et affirme que motoristes et mécaniciens ont fait de leur mieux pour assurer toute la partie technique. “Certaines personnes m’ont demandé si j’allais quitter Yamaha après cette casse. Mais je ne veux pas réagir à chaud. Yamaha m’a permis de réaliser mon rêve, j’ai gagné trois fois l’Enduropale avec cette écurie, ce n’est pas rien. Je n’oublie pas tout ce qu’on a fait ensemble, je ne peux pas effacer tous les souvenirs. Il est nécessaire aujourd’hui qu’on prenne du recul et qu’on analyse ce qui s’est passé. Sur le Dakar, on sollicite nos engins à 200% : sur cette course, c’est comme si on répétait un Enduro tous les jours pendant douze jours. La moto a 170 kilos sur le dos et elle tourne toujours à fond, à 100% de ses moyens quand on veut être devant. La résistance d’un moteur doit être colossale. Peut-être est-ce un paramètre que l’on n’a pas suffisamment pris en compte par rapport à d’autres marques, qui ont construit des motos extrêmement fiables. Il y a forcément une explication rationnelle à tout cela. Je ne jette pas la pierre à Yamaha cependant, car je pense que leur techniciens et mécaniciens sont loin d’être mauvais.”